C'est quoi cette connerie encore ?

Je m'étais levée ce matin en recevant un message étrange.

Citation :

Bonjour,

J'ai eu accès au dossier des élèves et j'ai pus remarquer que vous soufrez de certains problèmes de santé.
J'aimerais que vous passiez a l'infirmerie dès que possible pour voir tout cela avec vous. Ne vous inquiétez pas, cela seras rapide.

Merci de votre compréhension.
William Som'brecombe
Infirmier.

Après lecture et relecture, ma réaction avait été immédiate : j'avais déchiré le papier en petits morceaux, furieuse, et avait dispersé les confettis du message dans ma poubelle. Puis je m'étais assise sur mon lit en croisant les bras, rouge de colère. Alors comme ça il y avait un dossier sur moi ? Un dossier alors que je n'avais parlé de ces problèmes à personne, alors que personne n'était sensé être au courant que j'étais un monstre ? Comment il pouvait savoir ?! Par l'intermédiaire de qui ?! Je pensais avoir échappé enfin à l'emprise de ma famille, à cette prison de béton sombre, mais apparemment non, car pour avoir ces renseignements sur moi il avait du demander à quelqu'un ... Comment pouvait-il savoir sinon ?
Je m'étais calmée petit à petit, et j'avais alors décidé de lui rendre une petite visite. Pas parce qu'il me l'avait demandé, mais pour pousser une sale gueulande. Je ne voulais pas que ma famille me retrouve ! Je ne voulais pas que quelqu'un que je connaisse sache que je m'étais réfugiée ici ! Je ne voulais pas avoir de dossier qui prouvait mon existence de monstre ! Je ne voulais pas qu'un être humain soir au courant pour toutes les merdes qui m'avaient toujours accompagnée jusque là !
Je marchais donc d'un pas rapide dans le couloir qui menait à l'infirmerie. J'avais suivis avec rage les panneaux qui l'indiquaient si bien. Je ne m'énervais pas souvent, mais quand je le faisais, ce n'était pas à moitié. Je vais hurler s'il le faut, mais il faut que ce dossier soit supprimé.
Arrivée enfin devant la porte, je marquais un temps d'arrêt, le temps d'essayer de me contenir, car j'avais l'impression que j'allais exploser. Je ne toquais même pas. J'ouvrais d'un coup la porte brutalement et regardais à l'intérieur de la pièce avec des yeux chargés de haine, cherchant ce fameux William du regard. Ne voyant personne, je criais bien fort, et sans mâcher mes mots :

- Y aurait-il âme qui vive dans cette foutue pièce ???!!!!

Un café ?! Non mais c'est qu'il se foutait de moi le zigoto par dessus le marché !!! Et je n'étais pas trop d'humeur à plaisanter en ce moment. Je m'approchais de lui d'un pas rapide, pressé, avec des yeux qui le fixaient méchamment, très méchamment, et avec un visage rouge de colère. J'avais rarement cette couleur là. Ça m'arrivait parfois quand je restais trop longtemps exposée au soleil, ou comme ici, quand j'étais dans une colère noire. Je me retins de ne pas arracher la tête de ce jeune homme qui se permettait de me proposer un café en de telles circonstances. Je lui crachais à la figure :

- Votre café, vous pouvez vous le mettre ou je pense.

Je ne mâchais pas mes mots, et il avait du s'y attendre un peu. Je parlais très rarement comme ça, mon éducation ne me le permettant pas beaucoup, mais à ce moment j'avais jeté mon éducation en enfer, là où elle pouvait moisir pendant des décennies et des décennies ...
Il me tourna pratiquement le dos et finit tranquillement de faire son petit café en grand garçon mignon tout plein. Bordel ! Je fulminais. J'avais l'impression d'être une cocotte-minute prête à exploser. Si j'avais pu, j'aurais fait sortir de la fumée par mes oreilles et par mes trous de nez. Je n'avais qu'une envie : trouver ce William et lui refaire le visage. J'ai toujours été douée pour la chirurgie esthétique quand je suis énervée. Il allait en ressortir beau tiens ... Et mon dossier ! Haha ! Mon dossier, je vais pisser dessus comme une chienne galeuse, je vais le réduire en confettis, le brûler au feu de bois, et disperser les cendres du haut de l'institut tiens !!! Eh ouais, j'aurais même un rire sadique quand je disperserais les cendres du toit, la nuit au clair de lune.
L'image de la lune dans mon esprit me calma légèrement. J'arrêtai de trembler de colère, et abordais un sourire hypocrite. Je regardais le jeune homme dans les yeux, et lui demanda d'une voix douceâtre, mais malgré tout froide comme la glace :

- Pourriez-vous m'indiquer, aimable, gentil et très sympathique jeune et bel homme, où se trouve ce cher William Sombre Con ?

Attends un peu que je te trouve, misérable, et c'en est finit du dossier, c'en est finit de l'horreur engendrée par ce simple message que tu m'as envoyé ...

Je me retins d'éclater de rire. Lui, c'est le grannnnd Sombre con ? Il m'a l'air un peu jeune quand même ...
Je me retins aussi de lui envoyer mon poing dans la figure au moment où il m'indiqua qu'il se trouvait devant moi. Je gardais un visage souriant, hypocrite, et presque calme. Je m'avançais alors doucement vers lui, lui pris gentillement son bol de café des mains, sans forcer, très doucement, et je m'en allais légèrement plus loin avec. Dans la coin de la pièce, je m'arrêtais. Je me retournais et regardais les yeux de ce William avec un grand sourire sadique. Il avait l'air d'avoir besoin de café lui, et d'y tenir.
Je me tournais vers Sombre Con, le bol de café toujours dans les mains. Et soudain, je le lâchais. Il tomba par terre avec un bruit de verre brisé, et le café encore chaud se déversa sur le sol. Je retournais d'un pas lent vers ce cher médecin que je portais dans mon cœur. Je vis la machine à café du coin de l'œil.

- Oh, j'allais oublier, excusez-moi ...

Je m'avançais vers la machine à café, toujours en lui souriant, et la débranchais soudain, en arrachant presque le fil de la prise. Mais comme cela ne suffisait pas encore pour passer mes nerfs, je pris la machine à café sous le bras, ouvrit une fenêtre en grand, et avant que William ait pu dire quoi que ce soit, je balançais la machine à café dans le vide avec un petit sourire en coin. Puis je refermais légèrement plus vite la fenêtre et me postais dans un coin d'ombre, attendant de voir sa réaction. Le soleil brillait encore dehors, et je préférais ne pas prendre trop de risques. L'action avait été rapide en fin de compte, et il n'avait pas eu le temps de bouger. Mon sourire hypocrite ne me quittait pas. J'espérais dans le fond lui avoir bien rendu ce que j'avais ressenti quand j'avais appris qu'il y avait un dossier sur moi, en lui faisant mal de par les sentiments. Les coups ne valaient rien face au cœur.
Comme une enfant, je m'assis soudain en tailleur sur le sol couvert de café qui commençais à légèrement se refroidir, pris mon menton entre mes mains, et regardais William avec une lueur de haine dans le regard. Je n'avais plus du tout envie de sourire. J'allais brûler mon dossier et le monde n'entendrait plus jamais parler de moi. Je lançais d'un ton sec :

- J'aimerais voir mon dossier. Tout de suite.

Lâchais-je en ne le quittant pas des yeux une seule seconde. Je ne lui avais pas laissé le temps de réagir pour l'épisode de la machine à café, pas de place pour les émotions qui pouvaient avoir succédées. Je voulais mon dossier, et je le voulais maintenant.