Arya Phal (terminé)

Administratif

Nom : Phal
Prénom : Arya
Date de naissance & âge : 20 Décembre 1991. 18 ans
Famille :
Mère : Ambre Phal : Une mère très aimante, et tout à fait adorable. Elle aimait beaucoup sa fille et son mari. Elle ne pouvait pas détester quelqu’un, elle avait un amour sans limites à offrir. Tout le monde l’adorait, personne n’aurait jamais pu lui vouloir du mal, et pourtant elle a été tuée. Elle était dirigeante d’un cirque.
Père : David Phal : Lui aussi était dirigeant du cirque. Il est mort en même temps que sa femme, d’un meurtre. Il avait la tête sur les épaules, et gardait un sang froid remarquable en toutes circonstances. Plusieurs fois le cirque a faillit faire faillite, et c’est grâce à lui qu’il a survécu. Il était toujours souriant et inspirait confiance et respect. Arya l’admirait beaucoup.
Shennyan : Shennyan est un tigre. Arya l’a recueillit quand il était jeune et orphelin. Il considère un peu Arya comme une grande sœur, ou comme une seconde maman, et Arya le place dans sa famille comme un grand frère protecteur, un confident. Les humains n’avaient jamais compris le lien qui les liait, mais il était très fort. Malheureusement, lui aussi est mort. Arya ne s’en remettra jamais complètement, tout comme la mort de ses parents.
Rôle : Elève

Personnage et personnalité

Caractéristiques : Ame liée, double âme, erreur
Apparence physique et vestimentaire : Arya a les cheveux et les yeux rouges, depuis cette fameuse nuit où elle a été enlevée, apparemment car un truc n’a pas marché comme tout le monde le voulait dans l’expérience. Les cheveux virent sur le bordeau aux pointes. Ils sont très longs (ils lui atteignent les hanches) et légèrement ondulés. Elle est grande et mince, plutôt bien proportionnée. Elle a une peau plutôt pâle par rapport à la normale et un visage fin. Elle est toujours habillée en noir, avec des vêtements plutôt gothiques. Elle aime les jupes en dentelle, (et la dentelle tout court) même si elle préfère les pantalons pour faire de l’exercice ou courir (normal quoi …). Elle met parfois des corsets mais elle n’en a pas beaucoup l’occasion. Il lui arrive de mettre du blanc, quand tous ses vêtements noirs sont au sale … Elle préfère tout de même les couleurs sombres.
Avant l’expérience, Arya était une brune aux cheveux bouclés, et elle avait des yeux noirs profonds. Elle aimait s’habiller avec des couleurs vives, comme du jaune, du rouge, ou du orange … Enfin tout sauf du noir. Elle avait un style naturel, et elle était toujours souriante. Mais depuis son expérience et la mort de ses parents, cette Arya là n’existe plus …
Caractère, qualités et défauts, passions : Il a toujours existé deux Arya différentes. Celle d’avant l’expérience, qui n’existe sans doute plus (ou alors elle est enfouie très très profond dans la Arya d’aujourd’hui, et il faut y aller à coups de bulldozer pour la faire sortir), et la Arya d’aujourd’hui.
La Arya d’avant l’expérience était douce, gentille et presque timide. Elle était calme, mais plutôt bavarde. Elle avait une joie de vivre incomparable, toujours prête à rendre service, à aider ses proches, toujours souriante …
Mais la Arya de maintenant a été entraînée, forcée plutôt, à être agressive, méchante, méprisante et sadique. Elle est assez renfermée sur elle-même, plutôt silencieuse, même si elle a un vocabulaire très riche en insultes. Elle a été en quelque sorte « dressée » et maintenant, elle ne supporte plus de recevoir des ordres de quiconque, tout comme elle ne supporte plus la vue de sable. Elle n’a plus d’amis, et ne fais aucun effort pour aller vers les gens. Elle les rejette même. Si elle veut dire quelque chose, elle n’a plus l’habitude de tourner autour du pot, et va droit au but. Elle se fiche de savoir si ce qu’elle va dire va faire du mal aux autres. Mais tout ça n’est qu’une carapace pour se protéger des autres. Elle est déprimée au fond, triste et perdue. Les humains ont depuis longtemps perdu sa confiance, et elle ne croit plus en l’amour. Tout ceux qui l’avaient aimés sont morts, et elle ne veut pas que ça se reproduise. Elle pense protéger les autres en les éloignant d’elle. A quoi ça sert d’aimer si on peut perdre les êtres chers à chaque instant, ou s’ils peuvent nous trahir ? Elle n’a pas encore trouvé de réponse à cette question.
Les seuls en qui elle garde une confiance absolue sont les tigres. Elle les connaît bien, et elle sait que, eux, ne la trahiront jamais. C’est une passionnée de ces félins. Elle a toujours été naturellement proche d’eux.

Histoire


Tout a commencé un soir d’hiver. Les flocons tombaient doucement dans la rue, Noël approchait. Un soir comme les autres, ou presque … Dans un petit coin reculé du village, là où résidait le cirque, un cri de bébé retentit soudain, accompagné du soupir de soulagement de la mère et du rire heureux du père. Au même moment, au même endroit, un petit miaulement un peu rauque se fit entendre. Le bébé tigre chercha directement les mamelles de sa mère, pendant que celle-ci rendait l’âme, épuisée par l’accouchement, et atteinte d’une maladie. Tout le monde était heureux et personne ne s’occupait du petit orphelin qui venait de naître …

Elle s’appelait Arya. Ses parents étaient dirigeants d’un petit cirque qui marchait plutôt bien. Ils l’aimaient beaucoup, et elle le leur rendait bien. L’homme qu’elle aimait le plus dans le cirque était le clown, un grand ami de ses parents. Il s’appelait Colin Elmore. Il lui apprenait à faire des tours, à jongler avec des balles, des quilles ou autre chose, de toutes les tailles et de toutes les formes. Il s’est toujours beaucoup occupé d’elle, la faisant rire à chaque seconde, et ne manquant pas de lui raconter ses blagues. Elle aimait également énormément le jeune fils du couple d’équilibristes. Son nom était William Flinn. Arya avait fait les 400 coups avec lui. Et puis elle sentait qu’elle l’aimait plus que bien …
Un jour, celui de son anniversaire, elle eut une surprise totalement inattendue. Ses parents lui montrèrent un jeune tigre qui tournait en rond dans une cage isolée. Il avait l’air malheureux, et feulait trop souvent au goût des humains. Tous sentaient que quelque chose ne tournait pas rond chez ce tigre là. Son père lui expliqua que ce tigre était orphelin de naissance et qu’il ne s’était jamais vraiment fait accepter par les autres tigres. Ils avaient du l’isoler car il devenait violent.
« On l’a nommé Shennyan. A partir de maintenant, c’est toi qui vas t’en occuper ma chérie.
- Moi ?! S’égosilla Arya avec des yeux ronds. Mais je sais pas comment on fait ! Je sais même pas ce que ça mange ces gros chats !
- Ne t’inquiètes pas, on t’apprendra. On a toujours gardé un œil sur lui depuis sa naissance. C’est soit toi qui t’en occupes, et je sais que tu peux le sauver, soit on le relâche dans la nature où il a de grandes chances de mourir … »
La petite fille resta muette de stupéfaction, mais hocha la tête en signe d’acceptation. Elle ne comprenait pas pourquoi elle, mais elle n’allait pas chercher.

Depuis ce jour, elle passa beaucoup de temps avec Shennyan, plus qu’avec son petit Willie ou Colin. Il fallait l’apprivoiser, car il ne se laissait pas approcher facilement. C’était un jeu de patience. Parfois, elle s’asseyait devant la cage, et se mettait à parler au tigre doucement, avec des paroles rassurantes. Elle lui racontait sa journée, ses problèmes, ses joies et ses tristesses. Elle pouvait tenir une conversation très longtemps sans qu’on lui réponde. Elle couvrait le tigre de paroles d’amour et de tendresse. Elle était très attentionnée avec lui.
D’autres fois, elle s’asseyait devant la cage, mais ne disait rien, se contentant d’observer le félin qui marchait devant les barreaux en silence.
Et puis un jour, Arya vint nourrir Shennyan, comme à son habitude. Elle ouvrit la cage et referma la porte en fer derrière elle. Elle s’approcha du coin où elle pouvait déposer la nourriture. Elle n’avait pas peur, elle était habituée à faire ça. Et Shennyan ne bougeait pas, il l’observait déposer la nourriture sans se lever, sans faire le moindre geste. Il respectait Arya, comme elle le respectait. Il ne lui ferait jamais de mal.
Mais cette fois ci, à peine Arya eut-elle déposé le premier morceau de viande par terre que le tigre s’étira de tout son long et se mit debout. Arya s’arrêta dans son élan. Elle se releva très lentement, sans lâcher le tigre des yeux. Elle n’osait plus bouger. Shennyan posa alors une première patte vers elle, puis une seconde. Arya aurait voulut crier à l’aide, mais les sons restaient coincés dans sa gorge. La gueule du tigre n’était plus qu’à quelques centimètres de sa main. Dans un geste de désespoir, Arya ferma les yeux et serra les dents. Elle avait donc fait tout ça pour rien ? Pour mourir bêtement dévorée par son félin préféré ? Mais Shennyan ne dévoila pas ses crocs. Il approcha doucement sa tête de la main de sa maîtresse et se frotta la tête dessus. Arya, d’abord surprise ne réagit pas. Puis elle rouvrit les yeux et les baissa sur son protégé. Machinalement, elle se mit à lui gratter le cou, méfiante au départ, elle finit par ne pas hésiter sur les caresses. Elle s’agenouilla aux côtés du tigre et lui gratta le ventre comme à un chat. Le tigre s’allongea à côté d’elle et posa sa tête sur ses genoux.
Le soir venu, ses parents la cherchaient et s’inquiétaient. Ils ne l’avaient pas vue de la journée, et elle n’était pas rentrée dans la caravane pour la nuit. Quelle fut grande leur surprise lorsqu’ils la trouvèrent endormie dans la cage, la tête de Shennyan sur les genoux !

Shennyan et elle devinrent inséparables. Partout où elle allait, il la suivait. William commençait à croire que Shennyan avait trouvé une nouvelle maman et ne manquait pas de charrier son amie avec ça. Mais ça ne dérangeait pas Arya. Elle voulait bien être sa nouvelle mère. Elle pensait juste son Willie jaloux car elle s’occupait moins de lui depuis qu’elle avait Shennyan, et cette seule pensée la faisait rire intérieurement.
Arya commença donc à se découvrir une passion pour les félins. Ses parents lui apprirent alors à être dompteuse. Elle travaillait sans relâche, parfois avec Shennyan, parfois avec les autres tigres, et même avec les lions et les panthères. Elle aimait ce qu’elle faisait, elle aimait cette belle vie qui était la sienne.
Mais parfois, comme ça, le monde bascule sans prévenir.

Une nuit semblable à toutes les autres … en surface. Arya était dans son lit, à faire des beaux rêves, lorsqu’un étrange pressentiment la réveilla en sursaut. Elle se sentait mal à l’aise, comme si on l’observait fixement. Elle se leva, ses sens aux aguets. Elle avait peur. Tout était trop calme dans la caravane. Elle n’entendait ni la voix de ses parents, ni la petite télévision qui devrait normalement fonctionner … Et il n’était pas si tard que ça. Ses parents ne dormaient habituellement pas à cette heure là … Elle essayait de se convaincre qu’ils étaient sortis prendre l’air. Par ce froid de canard ? Elle eut un frisson. Peut-être étaient-ils juste allés signer des papiers sous la toile du chapiteau, ou autre chose … Elle inspira légèrement, comme si son seul souffle pouvait faire trop de bruit.
Elle posa la main sur le rideau qui séparait son lit du reste de la caravane. Elle hésita à le tirer. Elle ne savait pas ce qui l’attendait derrière. Elle avait envie d’appeler ses parents, mais son cerveau lui soufflait de rester plutôt silencieuse.
Elle le tira finalement de quelques millimètres, juste assez pour pouvoir regarder discrètement de l’autre côté.
La caravane était plongée entièrement dans le noir. C’était une nuit sans lune. Arya n’y voyait vraiment rien. La petite lampe de chevet de ses parents n’était même pas allumée. Elle trouvait les choses de plus en plus bizarres. Et puis une chose retint son attention : ses parents n’étaient pas dans le lit ! Elle fut alors convaincue que quelque chose clochait.
Elle tira entièrement le rideau en faisant bien attention de ne pas faire de bruit. Elle avança à tâtons dans le noir, jusqu’à ce qu’elle bute sur quelque chose par terre qui la fit trébucher. Elle se cogna la tête contre la table basse en tombant, ce qui lui arracha un gémissement de douleur. Ses parents n’avaient donc pas rangés leurs affaires ? Eux qui étaient d’ordinaire si organisés …
Sa main chercha cet objet en se promenant sur le sol, tandis que son autre main lui massait le front. Puis ses doigts rencontrèrent d’autres doigts, une main, un bras.
Et puis ce fut le noir.

Elle est une louve, une louve blanche comme la neige. Il n’y a pas de décor autour d’elle. Elle est seule, toute seule, entourée de flammes qui lui lèchent la fourrure. Pourtant, elle ne brûle pas, elle n’a pas chaud. Elle se sent même plutôt bien. Elle se met à galoper entre les flammes qui semblent vivantes et qui s’amusent avec elle.

Arya se réveilla en sursaut. Quel rêve étrange … Elle se souvenait d’avoir fait un affreux cauchemar aussi, comme quoi elle aurait découvert le corps de ses parents dans la caravane noire. Elle eut un rire nerveux et tenta de calmer les battements de son cœur. Elle essuya vivement les gouttes de sueur qui perlaient à son front, lorsqu’une vive douleur se fit ressentir. Elle grimaça et enleva sa manche de son front. Puis, doucement, elle releva sa main et toucha ce point de douleur. Elle sentait une vilaine bosse sous ses doigts. Elle ne se souvenait pas de s’être cognée la tête quelque part … Surprise, elle se leva.
Elle ne fut pas étonnée de ne pas voir ses parents ce matin là. Ils se levaient souvent tôt, pour organiser le cirque, donner à manger aux animaux, et tout le train train habituel. Parfois Colin, le clown, les aidait.
Elle prit donc son petit déjeuner seule, comme à son habitude. Puis elle alla coiffer ses longs cheveux. Et là, devant son image sur le miroir, elle hurla.
William, alerté par les cris, accourut aussitôt. Il habitait dans la caravane juste à côté. En voyant Arya, il marqua une pause, trop surpris par ce qu’il voyait.
« Arya … Tes cheveux … Tes yeux … Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Il était blanc comme un linge. Arya regardait, effrayée, ses cheveux et ses yeux rouges dans la glace. Ce n’était même pas un rouge d’albinos, mais un beau rouge sang.
« Ce n’est pas moi … Ce n’est … C’est moi Willie ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Pourquoi je suis comme ça ?! »
Balbutiait-elle au bord de la panique. William, qui était d’abord resté figé sur place, s’approcha doucement d’elle et la pris dans ses bras. Il ne savait pas quoi lui répondre. Il ne savait pas pourquoi elle était devenue comme ça. Il ne savait rien de ce phénomène étrange, mais Arya restait avant tout sa meilleure amie, et il ne la laisserait pas tomber. Il tentait de la calmer tant bien que mal.
Il décida de sortir aller voir des adultes. Peut-être qu’ils auraient une solution. Mais les parents de William étaient absents. Ils décidèrent donc de se tourner vers Colin.
Colin fit une moue surprise lorsqu’il découvrit Arya, mais une lueur d’admiration et de curiosité restait dans ses yeux. Il s’approcha d’Arya et lui caressa les cheveux, comme pour vérifier leur texture.
« Ecoute, on dirait que tu as des cheveux tout à fait normaux par leur toucher. Je ne sais pas comment ils sont devenus rouges, mais cette couleur a l’air presque naturelle. Tu es sûre que tu ne t’es pas fait de teinture ? »
Arya fit non de la tête. Elle était presque calmée. Colin se gratta le menton, une vieille habitude quand il réfléchissait.
« Et ses yeux ? »
Demanda William. Colin ne savait pas quoi répondre à cette question. Bizarrement, il n’avait pas l’air paniqué, ou alarmé par la situation. Il semblait juste … intéressé. Puis il changea brutalement de sujet, comme s’il avait trouvé une réponse, mais qu’il ne voulait pas la partager avec les deux jeunes gens.
« Arya, il est arrivé quelque chose à tes parents hier soir. Je pense que c’est à moi de te le dire, mais je ne trouve pas les mots … »
Un voile de tristesse se dessina sur son visage. Arya en oublia tout de suite ses yeux et cheveux rouges, et céda directement à la panique. Elle éleva la voix.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce qu’il est arrivé à mes parents ?! »
Sa voix se fit hurlement …

Ainsi ils étaient morts pour la protéger. Adossée à Shennyan, Arya regardait le vide. Elle ne sentait plus rien. Elle se disait juste que la vie était ingrate.
Alors son rêve n’en était pas un … La vérité était que des étrangers avaient pénétrés sa caravane hier, dans la nuit. Ils en avaient après Arya. Ses parents, présents sur le lieu, avaient essayés de les arrêter, avaient essayé de les repousser pour qu’ils ne touchent pas leur précieuse fille. Et ils en étaient morts … C’était bien sur les corps de ses parents qu’Arya avait trébuché hier. Et puis on l’avait enlevée pour elle ne sait quelle raison, et ramenée au cirque au petit matin. Apparemment c’était à cause de ces étrangers qu’elle avait cette apparence.
Elle avait beau essayer de se rappeler, les images ne défilaient pas. C’était le trou noir. Elle n’avait aucun souvenir après qu’on l’ait frappée derrière la tête et qu’elle perde connaissance.
William avait essayé de la consoler, mais elle avait besoin d’être seule. Elle savait qu’elle serait inconsolable. Seul Shennyan était acceptable. Sa chaleur corporelle l’apaisait. Et soudain, Arya craqua. Elle encercla ses jambes avec ses bras et posa son font sur ses genoux. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Shennyan, ressentant sa détresse, se mit à lui lécher la main de sa langue râpeuse. Alors Arya enfouit sa tête dans sa fourrure et se laissa aller.

Colin reprit la direction du cirque. Normalement, cela aurait du revenir de droit à Arya, car elle était la descendante des défunts dirigeants, mais elle était bien trop jeune pour prendre la tête d’un cirque. Arya se sentait vide. Elle errait tel un mort vivant parmi les caravanes, n’adressait plus la parole à personne, et avait laissé tomber le domptage. Seul Shennyan était toujours présent à ses côtés, et partageait sa tristesse. William la laissait faire. Il savait que c’était sa seule façon d’extérioriser. Mais il savait aussi que Arya ne serait plus jamais la même. Elle avait été détruite.
Sa nouvelle apparence ne plaisait pas aux autres. Tout le monde la regardait de travers, et les artistes osaient lui dire qu’elle leur faisait perdre des clients, pour ceux qui n’avaient pas peur d’elle. Seuls William et Colin osaient encore l’approcher. Shennyan, lui, se fichait royalement de son apparence.
Peu à peu, le lien tissé entre Arya et William s’effilocha. Ils se voyaient de moins en moins, malgré les efforts de William pour garder le contact. Arya ne voyait plus personne, elle passait à côté des gens en les ignorant, sans même leur décrocher un regard …

Cette fois, elle est un oiseau, un oiseau de feu, un phoenix. Elle survole un endroit sombre en incendiant des semblants de nuages derrière elle. Elle pousse un cri perçant. Puis elle est à la fois un moineau, tout petit et inoffensif. Elle accompagne le phoenix, puis se fond en lui. Le moineau et le phoenix ne font qu’un …

Arya se réveilla en sursaut. Encore un de ces étranges rêves qu’elle n’arrêtait pas de faire depuis son enlèvement. Elle se demandait ce qu’ils signifiaient. Elle était toujours un animal, et elle avait pour seul décor des flammes. Ou alors elle était deux animaux. Elle ne savait pas très bien comment expliquer cela …
Elle se leva et alla retrouver Shennyan.

Et puis un jour, Colin lui fit une étrange proposition. Il alla chercher Arya et la força à l’écouter avec attention.
« Je sais que ta vie ne rime plus à rien. Je sais que tu te sens vide, et triste, que tu es effondrée par la mort de tes parents. Mais je peux te proposer quelque chose qui te redonnera un but dans la vie. »
Arya leva des yeux tristes vers lui. Elle n’avait plus rien à perdre, alors pourquoi ne pas essayer ? Elle accepta la proposition du clown, en ne sachant même pas de quoi il en retournait.
Si seulement elle avait su …

C’est ainsi que commença sa nouvelle vie. Colin lui accrocha une petite plaque en acier rectangulaire autour du cou, avec une chaîne argentée. Sur la plaque était marqué « la tigresse ». Elle ne savait pas à quoi ce jeu rimait. Elle regardait tout le temps le vide, dans l’espoir d’y trouver peut-être une réponse.
Alors Colin l’amena sur le sable. Autour du cercle de sable, il y avait des barreaux métalliques, comme une prison. Et en face d’elle, un jeune garçon légèrement plus vieux qu’elle. Autour de son cou pendait une plaque identique à la sienne. Son nom. Elle voyait sur son torse nu les marques de brûlure, des cicatrices longues et droites, comme des coups de fouet, les différents bleus … Sa conscience lui soufflait qu’elle était entrée dans un jeu dangereux.
Colin lui souffla alors à l’oreille « tuer, ou être tuée … ». Et le combat débuta.
Arya se souviendra toujours des cris à ses oreilles, de l’argent qui circulait sous ses yeux, des paris pour savoir qui allait gagner, des encouragements ou des hurlements de colère. Elle ne savait plus quoi faire, elle était totalement désorientée. Et Colin lui criait « tue-le ! ». Une goutte de sueur lui coula le long du dos. Quand le garçon au regard chargé de haine se jeta sur elle, elle comprit qu’elle n’avait plus le choix …

Alors même ses amis l’avaient trahie ? Même Colin en qui elle avait vouée une confiance absolue voulait lui faire la peau ? Elle n’avait jamais pensé pouvoir gagner sur ce garçon. Elle n’avait jamais tué auparavant. Quand elle avait vu le corps s’effondrer à ses pieds, elle n’avait pas pu se retenir de vomir.

Sa vie ne rimait plus qu’aux combats. Arya commençait à changer petit à petit. D’une fille douce et calme, elle était devenue agressive et méprisante. William ne la reconnaissait plus. Il savait que quelque chose se passait, quelque chose de mal qui était en train de la changer pour toujours. Il avait plusieurs fois essayé de l’aider, mais elle ne voulait rien entendre, ne voulait pas parler. Elle restait muette sur elle-même, et laissait son Willie désemparé. Il était en train de la perdre.
Arya pensait que garder le secret était le seul moyen de le protéger. Si William apprenait que Colin faisait des combats d’esclaves dans le dos du cirque, il ne pourrait pas s’empêcher d’intervenir … et il serait tué. Arya connaissait maintenant Colin. Le vrai Colin Elmore. Il était sans pitié, cruel, avec une petite pointe de sadisme. Il n’hésiterait pas à lever la main sur un pauvre garçon sans défense, et ça, Arya ne le voulait en aucun cas. Elle décida donc de mettre le plus de distance possible entre son meilleur ami et elle. Mais ce choix la déchirait. Elle sentait au fond d’elle-même cette petite flamme qui s’allumait à sa vue. Elle sentait ces frissons quand il lui souriait, ces rougissements quand il la prenait dans ses bras … Elle sentait son cœur battre, son cœur battre pour lui. Mais elle n’avait jamais eu le courage de lui dire …
Et Willie voulait aider Arya, mais se sentait inutile et impuissant. Il n’en dormait plus la nuit, pensant sans cesse à son amie, cherchant un moyen de l’aider. Il ne voulait pas qu’un fossé se creuse entre eux, car il sentait au fond de lui cette petite flamme qui s’allumait à sa vue. Il sentait ces frissons quand elle lui souriait, ces soupirs de plaisir quand la serrait contre lui … Il sentait son cœur battre, son cœur battre pour elle. Mais il n’avait jamais eu le courage de lui dire …

Arya se perdait. Elle ne voyait plus le bout de ce chemin obscur qu’elle avait emprunté. Elle devenait une bête immonde et cruelle. Elle gagnait combats sur combats, sa vie ne tenant qu’à un fil à chaque seconde. Malgré tout ça, Colin n’était jamais satisfait, comme s’il attendait quelque chose d’elle, quelque chose qui ne venait pas … Il lui criait dessus à chaque occasion possible, une flamme d’impatience allumée au fond des yeux, et il en venait parfois à la battre …
Arya ne se sentait plus libre. Elle avait l’impression d’avoir le poids des yeux du clown sur elle à chaque instant. Il la surveillait de près. Et elle ne pouvait pas se rebeller contre lui. Malgré ses nouveaux muscles et son tempérament de feu, Colin demeurait plus fort qu’elle, et plus méchant aussi … Arya en vint à couper totalement le contact avec William. Celui-ci en était désespéré.

C’est drôle comme la vie peut prendre un tournant inattendu à chaque seconde … Sans qu’on s’y attende.
Un jour, William en eut assez. Il décida de suivre Arya la nuit, le jour, à chaque seconde. Partout où elle allait, il était là, invisible à ses yeux. Arya ne se doutait de rien quand elle alla se préparer pour l’arène de sable. William comprit alors tout d’un coup. Le changement d’Arya, son silence, et sa musculation. Le combat avait débuté depuis quelques minutes que déjà William n’en pouvait plus. Il craignait pour la vie d’Arya à chaque instant. Il voyait son adversaire la frapper, la faire saigner, et il la voyait rétorquer de même. Mais quand Arya cria de douleur, il ne tint plus. Il poussa un hurlement semblable au sien, mais de colère. Il se précipita sur l’arène, accompagné des hurlements de mécontentement des spectateurs. Il se dressa entre Arya et son ennemi avec une lueur de haine dans les yeux. Il lui décocha un coup de poing d’une violence inattendue. Les supporters du garçon n’en crurent pas leurs yeux. Il crièrent à la mort, et se jetèrent sur William, sur le ring. Le combat tournait au carnage. Arya hurlait de désespoir, criait à son Willie d’arrêter, mais il était mort s’il s’arrêtait. Alors elle se battu courageusement à ses côtés, enfonçant des côtes et cassant des nez sans ménagement.
Une détonation. Le coup était partit sans prévenir. Tout le monde se figea d’un coup, sous le choc. William baissa les yeux sur son T-shirt qui commençait à se couvrir de sang, avant de s’effondrer par terre, devant le regard de tout le monde. Arya hurla de douleur et se précipita vers lui.
Colin fit son apparition sur scène, un fusil sur l’épaule, encore chaud. Il s’accroupit à côté de Arya en larmes et posa sa main sur son épaule. Ce geste contrastait avec sa voix glaciale qui lâchait des mots de menace :
« Si tes petits copains recommencent un truc dans le genre, tu sais maintenant ce qui les attends. Pas de témoins, tu comprends ? »
Et il laissa Arya là, seule et effondrée une fois de plus.

Elle avait compris une chose existentielle, mais elle l’avait compris trop tard. Dans la vie, il ne faut pas attendre … Il ne faut pas attendre, car l’on peut perdre une occasion à chaque seconde. Il faut vivre sa vie pleinement, sans se soucier du lendemain, car, peut-être que demain le monde entier mourra …
Elle avait perdu sa chance. Elle n’aura plus jamais d’occasion de lui dire « je t’aime » …

Les jours passèrent, et Arya commençait à s’égarer. Elle ne mangeait plus rien, ne vivait plus. Elle commençait à faiblir aux combats, et Colin la battait de plus en plus. Mais plus personne ne se souciait d’elle. Le seul qui avait encore de l’attention pour elle était mort …
Et puis une nuit, elle vécu une circonstance spéciale qui l’amena à commettre une erreur. Son adversaire était une petite fille, plus jeune qu’elle de quelques années. Elle voyait dans son regard la même peur qu’elle avait éprouvée la première fois qu’elle s’était retrouvée sur le sable fin de l’arène. Elle la voyait la dévisager en tremblant, se demandant ce qu’elle faisait là, et qu’est-ce qu’on attendait d’elle. Et puis elle vit Colin s’approcher de son oreille et lui murmurer quelques mots …
« Tuer, ou être tuée … »
Arya cria alors un « NON ! » inattendu. Colin releva la tête vers elle, curieux. Arya le défia du regard, remplie de haine.
« Je ne la toucherais pas. »
Dit-elle comme pour défier son maître. Le clown s’avança alors vers elle d’un pas lent, d’un pas de prédateur traquant sa proie. Il la prit fermement vers le bras et l’obligea à la suivre avec un visage fermé. Il l’emmena vers la cage de Shennyan. Il fit signe à ses hommes qui l’accompagnèrent jusqu’au tigre. Il dit d’une voix froide à Arya :
« Je pensais bien que tu allais refuser, alors j’ai prévu un petit quelque chose pour toi … »
Et sous les yeux d’Arya, les coups de feu partirent. Arya tomba à genoux, blanche comme un linge, incapable d’émettre un son.
« Désobéis-moi encore une seule fois, et je te jure que je te ferais souffrir bien plus que cela … »
Colin sortit de la cage en emmenant Arya sur le ring. Il n’eut besoin que d’un regard pour que Arya comprenne ce qu’il attendait d’elle. Elle avait encore les mains pleines de sang, le sang de Shennyan. Elle leva un regard vide vers la petite fille qui attendait devant elle en tremblant. Alors elle se jeta sur elle …

Arya combattait, elle combattait même dans ses cauchemars. Cette nuit, quand elle alla sur le sable, elle sentit que quelque chose dans l’air avait changé. Il n’y avait aucun spectateur, aucun adversaire. Il y avait juste Colin qui l’attendait au milieu de l’arène, torse nu. Il l’invita à le rejoindre d’un geste de la main. Elle monta sur scène, et sentit directement la peur lui tenailler le ventre.
« Je pense que tu es prête à monter au niveau supérieur. C’est pour cela que ce soir, ce sera moi ton adversaire. »
Arya savait qu’elle ne pouvait pas refuser.

Au fur et à mesure que le temps passait, Arya sentait qu’elle allait perdre. Colin redoublait à chaque seconde de violence extrême, et ne manquait pas de l’insulter et de lui cracher au visage à chaque fois qu’elle tombait par terre. Mais il attendait toujours qu’elle se relève, qu’elle lui fasse face pour attaquer. Il semblait attendre que quelque chose de déterminant se produise.
Arya tomba une fois de plus, et Colin se jeta sur elle. Elle se dit intérieurement « cette fois, c’est la fin ». La colère grandissait en elle. Elle ne méritait pas ce sort là, elle ne méritait pas de perdre contre l’homme qui lui avait fait vivre un enfer quotidien, elle ne méritait pas de mourir ici.
D’un coup, la rage sortit. Mais sous forme matérielle. Un phoenix se dressa devant Colin, gigantesque et fantomatique. Il le mordit maintes et maintes fois, le griffant avec ses serres, déversant la rage d’Arya dans ses attaques. Et il disparut comme il était apparut. Arya n’en croyait pas ses yeux. Elle s’approcha de Colin, et celui-ci parvint à lui dire dans un dernier souffle :
« Je mourrais en homme heureux, car j’ai enfin eu ce que je voulais. »
Comme Arya ne comprenait pas, il ajouta :
« Tu ne t’étais jamais demandée pourquoi on t’avait … enlevée quand tu était petite ? Et bien, c’était … justement pour créer ça. C’est moi qui avais dirigé … l’enlèvement. Après l’expérience, on a bien vu qu’un truc avait merdé, avec tes … yeux et cheveux rouges. Mais maintenant je suis fier de nous parce que nous … avons réussit à créer une âme liée … Je voulais … faire de toi quelqu’un … de … spé … cial … »
Et il mourut. Arya, folle de colère, écrasa sa figure avec sa chaussure. Elle le piétina tant et si bien qu’on n’aurait pas pu le reconnaître. Alors tous ses malheurs avaient toujours eu comme source Colin Elmore ? Depuis qu’elle était toute petite il l’avait trahie, avait gâché ses rêves, et avait prévu de la détruire !
Arya n’en pouvait plus et tomba dans le sable, à quelques pas de son cauchemar vivant …

Maintenant elle se retrouvait devant de grandes grilles de métal. Elle avait tout perdu, avait fait un parcours lamentable, mais elle allait tenter de remonter la pente, même si elle n’avait plus d’espoir. Sur les grilles était marqué en lettres majuscules « INSTITUT AMELIA ». Elle n’avait plus rien à perdre … Alors pourquoi ne pas tenter l’aventure ? De toute façon, ça ne pourra jamais être pire que Colin … Elle n’avait pas tout compris de ses derniers mots, mais elle savait qu’elle était là pour trouver une solution à ce problème …
Elle baissa la tête vers sa main droite qui tenait la petite chaîne avec sa plaque en acier accrochée au bout. Elle ne voulait plus jamais entendre parler de « la tigresse ». Elle arracha alors violement ce collier de fortune de son cou, et le jeta avec colère au loin. Elle voulait laisser son passé derrière elle, et c’était un bon début.
Elle franchit la grille d’un pas assuré, en se disant à elle-même ces quelques mots :



Hrp

Présence sur le forum : Comme Sïoban, au moins une fois par semaine.
Avatar : Je ne changerais pas d’avatar, je garderais toujours le même, celui de la fille aux yeux rouges et cheveux rouges ^^
Double-compte : Sïoban Sanyo
Une petite image représentative?


Autre : Il y a toujours des flammes dans ses rêves car elle a une âme erreur qui est un phoenix. L’autre âme est normale et se transforme à volonté, même si ses formes préférées sont une louve blanche et un tigre.
Bravo à tout ceux et celles qui ont réussit à lire mon histoire jusqu’au bout, sans péter un câble dès le départ en criant : « mais elle nous a fait quoi là ?! » Je pense en particulier à Emmy qui a tendance à regarder la taille du texte et à s’écrier : « mais c’est quoi ce roman ??? » ^^

J'ai juste un petit problème avec la petite image représentative (comme d'hab' -_-' ). J'ai le lien, mais je n'arrive pas à la mettre en petite image visible ... Si vous voyez ce que je veux dire ^^" Moi être boulette !
Le lien : https://i.servimg.com/u/f32/13/92/92/02/tigre_10.jpg
Vous pouvez faire quelque chose pour moi pliz ? ^^"

J'ai trouvé pire que moi. Respect!

Pour ce qui est du niveau, il est évident qu'Arya est au niveau zéro. C'est juste un élan, donc son âme redeviendra bien immatérielle, t'inquiète pas Mimi

J'ai lu toute ton histoire. Au début, la longueur fait peur, mais elle accroche vite! Et les clowns sont des psychopathes, c'est bien connu! Le monde a l'air fou, à un point où on se demande si tout ça n'est pas vrai. Tu vas me faire flipper, je vais plus jamais aller au cirque moi maintenant...

J'ai rien à redire. C'est peut-être le trop-plein d'information qui fait qu'on oublie les détails, mais en tout cas, c'est réussis!

D'acc avec toi Eve, moi les clowns m'ont toujours fait flipper.